Visite n°2 des Chantiers : Lycée VIELJEUX, avec l'atelier - théâtre de la MDL, Camille et Eric.

Représentation sur Mimésis de "Le Frein fantôme" d'Eric Bertrand pour l'écriture et Camille Geoffroy pour la mise en scène, le mardi 20 mars 2018 à 21h30 à la MDE, par les élèves du lycée Vieljeux.

Atelier de 27 élèves avec Camille pour la direction d'acteurs et Eric pour l'écriture du texte.

La visite de l'atelier théâtre en chantier du lycée Vieljeux a lieu le 17 janvier 2018 à 12h 50 à 14h 50,  dans la salle polyvalente .

Ils sont tous là, un gros groupe très vivant de 27 élèves, avec un mixage de garçons et de filles de secondes, premières et terminales, comme c'est la cas dans les Ateliers lycéens.

 Camille Geoffroy  les fait travailler avec Erik Bertrand , auteur du texte " Le frein fantôme".

Mais quel est le  propos du « Frein fantôme ? »...

Nous sommes en 2084, le progrès continue sa marche infernale en vue d’un « meilleur des mondes » et d’un « meilleur des hommes » au service d’un Pouvoir de plus en plus dirigiste. Cependant, une fois par mois pour « divertir » les citoyens, l’État autorise un « black Friday ». L’occasion de revisiter une attraction du passé… Quand la pièce commence, c’est la fête foraine qui est mise à l’honneur, et les forains installés aux différents stands apparaissent d’ailleurs comme les complices du Pouvoir. Mais dans ce nouveau programme d’aliénation, l’humanité n’a pas dit son dernier mot… Et le stand du « Frein fantôme » réserve bien des surprises au petit groupe de visiteurs un peu rebelles qui s’installent dans les wagons…

Comment avez vous travaillé en amont ?

Camille : Le Frein fantôme est un défi : celui d’écrire une pièce de théâtre pour 27 adolescents à partir de leur imaginaire. Nous avions, Eric et moi, le désir d’une écriture de plateau, un grand saut dans le vide avec ce groupe composé de filles et de garçons de 15 à 17 ans. Une page blanche au départ à construire ensemble.

Improvisations, discussions, réflexions ont permis de dégager un arrière-plan - la fête foraine -, une trame narrative autour de la dystopie puis de l’utopie et de dessiner des personnages.

Mais le grand alchimiste est évidemment Eric qui, par son écoute et sa grande sensibilité, a écrit un texte riche, dense et complexe à partir de bribes, de désirs et d’esquisses. L’aventure de la mise en scène et de la direction d’acteurs commence maintenant.

Erik : parmi les pratiques théâtrales, il y a celle qui consiste à imaginer, à modeler par la voix, le corps, les déplacements, des personnages qui prennent leur place dans un espace et dans une histoire. Ce travail subtil de la réalisation et de l’épanouissement d’un texte sur la scène, Camille le rend chaque année possible par son approche de l’univers mis en mots et par son écoute sensible et délicate de chacun des élèves impliqués dans le projet.

Notre collaboration au sein du lycée Vieljeux remonte à 2012 et les expériences menées ensemble dans le cadre de l’atelier de la MDL ont été, au fil des spectacles, riches et variées notamment grâce à l’implication des animateurs culturels (exploration des univers de la route et des hippies de Kérouac, des chansons de Gainsbourg, de la téléréalité, de la Sicile et de la question des migrants de Lampeduzza…)

Octobre 2017, les membres de l’atelier sont au nombre de 27, issus de toutes les classes du lycée de la seconde à la terminale et certains d’entre eux passent d’ailleurs l’option facultative. Un étudiant coréen fait même partie du groupe. Tous ont accepté de relever le défi d’une aventure fondée cette fois sur le principe de l’improvisation : monter sur scène, trouver une inspiration, dessiner des profils de personnages, risquer des propositions de jeu, des fragments de discours, des répliques. Tels sont les risques que les élèves ont assumés avec un réel sens de l’engagement, me fournissant ainsi une matière brute…

Dans cette base précieuse, livrée « en vrac », j’ai  pu puiser pour essayer d’aller au-devant d’un « fantasme de spectacle » où chacun trouverait sa place et son incarnation dans un personnage librement assumé. Cette expérience non balisée est unique et le texte né de cet atelier me paraît, davantage encore que tous ceux que j’ai écrits auparavant pour les adolescents, le produit de tout ce que les différents acteurs de la scène peuvent apporter à cette fragile et audacieuse maquette qu’est une représentation théâtrale. 

Improvisations comme échauffement théâtral !

Répétition et travail texte en main .: DIAPORAMA

Zoom sur l'acteur et son texte.

ACTION !

De beaux mouvements de groupes sur scène .

Debriefing .

Et pour finir, le compte rendu de Philippe Méry présent avec moi lors de cette séance de travail:

"27! élèves y participent, sous la houlette de Camille et d'Eric. D'abord un échauffement suivi de quelques impros. Place ensuite au travail de plateau avec un texte qui vient d'être amendé.

En fond, des stands de fête foraine; il y en a 6. 13 personnages s'y tiennent. Arrive à cour un groupe, marchant d' une allure particulière: 2 pas "normaux" suivi d'un affaissement sur la jambe droite. Cette façon d'approcher renvoie d'emblée le spectateur à des textes de théâtre ou de romans d'anticipation célèbres: cette foule disciplinée a quelque chose de surprenant, voire d'un peu inquiétant...

Nous apprenons rapidement que l'action se déroule à la fin du XXIème siècle, en 2084 pour être précis! Les "marcheurs" effectuent des girations sur place à certains moments et scandent régulièrement des slogans "officiels".

Ces 13 personnages vont être ensuite invités par les forains à visiter chaque stand, à tour de rôle. Stands dont les spécialités sont toutes différentes: restauration "traditionnelle" (à base de pilules et autres gélules), barbe à papa et bonbons surprenants, "frein fantôme", stand de tir puis cabane de magie. Le spectateur n'est pas totalement dérouté, il ne se sent pas projeté des siècles plus tard mais c'est précisément ce léger décalage temporel qui joue à fond et amène une réflexion rapide sur notre devenir proche?

Le travail s'achève là, il constituera la production pour Mimesis, la version intégrale sera montrée à la fin de l'année scolaire.

Les élèves adhérent pleinement au projet, même si nombre de textes n'étaient pas encore bien appris. Une fois passé cette étape indispensable - et à franchir le plus vite possible pour "jouer" et non réciter -, il y a les ingrédients pour une présentation intéressante que nous, visiteurs, attendrons avec impatience.

                                                             Philippe Méry.

(Photos et vidéo de Geneviève Moreau-Bucherie.)